36

 

 

 

 

C'était l'audace de la peur.

 

Michelet.

 

 

Tantah, janvier 1950

 

 

Ahmed Zulficar s'interrompit, alluma une cigarette et restitua le briquet à Taymour Loutfi.

La belle Luella, le matador, assise entre les deux hommes, paraissait rêvasser.

– Et, finalement, reprit Zulficar, la police militaire a perquisitionné chez notre ami Nasser. Après lui avoir présenté un mandat d'arrêt, elle l'a conduit chez le Premier ministre Ibrahim Abdel Hadi en personne.

Taymour plissa le front.

– De quoi l'accuse-t-on ?

– De faire partie des Frères musulmans et de comploter contre le régime. Apparemment, la popularité de notre ami au sein de l'armée commence à leur poser problème. Mais ce qui les inquiète surtout, ce sont les Zobat el-Ahrar, le Cercle des officiers libres.

– Le Cercle des officiers libres ? répéta Fadel.

– Il semble que ce soit une association secrète composée d'officiers révoltés par la conduite de la guerre de Palestine et de la politique du gouvernement.

Et Nasser en ferait partie ?

Ahmed Zulficar se mit

Mieux. Tout porte à croire qu'il est leur président. Ils seraient une dizaine à appartenir à ce cercle, parmi lesquels notre cher von Sadate, qui, comme tu le sais, a été libéré.

– Sait-on leurs intentions ?

Zulficar fit non de la tête.

Par la fenêtre ouverte parvenaient les mélopées d'un marchand des quatre saisons vantant sa marchandise.

Tout à coup, Hicham consulta sa montre et se leva aussitôt.

Il annonça :

– Je dois vous quitter, hélas.

– Où vas-tu ? s'étonna son père. Le repas va bientôt être servi.

– Ce n'est pas grave. Dînez sans moi, je n'ai pas faim.

Sans autre explication, il quitta la pièce, comme quelqu'un qui fuit un incendie.

Décidément, grommela Taymour à l'intention de Fadel, ton frère devient bizarre. Depuis qu'il a quitté l'Académie militaire et qu'il est rentré à l'armée, il se comporte comme s'il mangeait du haschisch au petit déjeuner. Je me demande d'ailleurs s'il n'en fume pas.

Non, papa ! Jamais. Pas Hicham. Il rejette même la cigarette.

Il faudrait quand même que je vérifie. Son attitude n'est pas normale.

Le soir, quand, après le bulletin d'informations, la radio diffusa comme d'habitude la marche triomphale d'Aïda, Taymour rumina confusément.

Aïda. L'opéra que Verdi avait composé spécialement pour l'ouverture de l'Opéra du Caire, l’année de l'inauguration du canal de Suez, s'inspirait de l'histoire de l'Égypte antique.

Oui, se dit Taymour, en se glissant au lit tout contre Nour qui dormait déjà à poings fermés, oui, mais les pharaons, eux, se préoccupaient de la grandeur de leur pays.

 

Comment aurait-il pu deviner que Hicham aussi s'en souciait ? Hicham qui, à cet instant précis, dans une maison anonyme d'Héliopolis, la banlieue du Caire, achevait de pendre des notes, sous l'œil grave de Nasser, de Sadate et d'une dizaine d'autres officiers...

 

 

*

 

 

Octobre 1951

 

 

Taymour n'en revenait pas. Il fit répéter l'information à son interlocuteur, Salama pacha, le doyen du Parlement.

Puisque je te dis que c'est vrai ! Accompagne-moi et tu pourras vérifier par toi-même. Il va s'exprimer dans vingt minutes. À 11 heures précises.

Taymour Loutfi leva les yeux au ciel tout en secouant la tête à plusieurs reprises. Ce qu'il venait d'apprendre était à peine croyable ! Dans l'espoir de recouvrer sa légitimité perdue, et soutenu par le président du Conseil, Nahas pacha, le roi Farouk avait décidé tout à coup de dénoncer le traité établi entre l'Égypte et l'Angleterre ; texte vieux de quinze ans qui faisait du contingent anglais stationné dans la zone du canal de Suez un occupant « légal ». Signé en août 1936, ce document avait toujours été vécu par les Égyptiens comme une ignominie.

Il régla l'addition.

Très bien, allons-y !

Une dizaine de minutes plus tard, les deux hommes pénétraient sous la coupole du parlement où régnait une atmosphère électrique. On sentait que quelque chose d'extraordinaire allait se passer.

Un silence impressionnant se fit lorsque Nahas pacha, monta à la tribune. Il commença à lire un texte retraçant les différentes étapes qui conduisaient à la signature du funeste traité. L’exposé terminé, il se tut, balaya la salle du regard comme pour mieux exprimer la solennité du moment, et déclara d'une voix forte :

En 1936, pour l'Égypte, j'ai signé le traité. Aujourd'hui, pour l'Égypte, je l'abroge !

Et, balayant le protocole, il s'écria avec force :

– À présent, tout cela est terminé ! Les Anglais doivent foutre le camp sans délai !

Taymour était abasourdi. Les deux cent quatorze députés s'étaient levés. Il fît de même. La salle du Parlement croula sous les applaudissements.

Lorsqu'il ressortit, il titubait sous le poids du soleil. À moins que ce ne fut l'émotion ?

Dans la voiture qui le ramenait à la villa, il garda le silence. Et si enfin, c'était le début de tout ? Si l'Égypte s'était trouvé un chef inattendu en la personne de Farouk ? Si...

À peine arrivé à la maison, il alla d'une pièce à l'autre en poussant des cris : « Nour ! Hicham ! Fadel ! »

Ses deux fils déboulèrent, affolés.

– Que se passe-t-il ? Tu vas bien ?

Nour apparut à son tour, et exprima elle aussi son inquiétude.

– Tu es malade habibi ? Ça va ?

Après tout, son mari n'avait plus la forme de sa jeunesse. Victime l'automne précédent d'un méchant infarctus, il avait été contraint de freiner, voire d'abandonner nombre de ses activités.

– Rassurez-vous ! Je ne me suis jamais senti mieux.

Il se balança légèrement d'avant en arrière avec un air mystérieux et annonça :

– Sut ordre du roi, Nahas pacha a abrogé le traité d 1936 !

– Quoi ?

Attendez ! ce n'est pas tout ! Nahas a dit...

Il fixa ses enfants, son épouse.

Il a dit aux Anglais d'aller se faire foutre !

Hicham tomba dans les bras de son frère qui lui-même enlaça sa mère, laquelle s'était jetée dans les bras de son mari.

– C'est merveilleux ! s'exclama Hicham. Nous allons célébrer cet acte courageux en organisant une manifestation de soutien au gouvernement !

– Oui, approuva Fadel ! Pour une fois que le roi s'engage ! Nous devons le suivre et l'appuyer !

Et le pays tout entier salua le geste. Hélas, très vite, l'allégresse céda la place au désenchantement. À la volonté égyptienne les négociateurs anglais opposèrent le flegme qui les caractérise. Pas question de céder d'un pouce. La tension monta. La rue réclama à cor et à cri l'évacuation des troupes britanniques. Dans les écoles, les universités, les mosquées, maîtres et professeurs, imams prêchèrent la lutte. Des coups de main furent menés par de jeunes passionnés auxquels se joignirent Hicham et Fadel, mais sans résultat.

En réaction aux menaces qui s'élevaient de la rue, l'Angleterre choisit d'accentuer sa pression. Elle fit passer ses effectifs militaires de soixante mille à quatre-vingt mille hommes.

Que faire ? C'était le pot de terre contre le pot de fer. Les incidents allèrent se multipliant. Un matin, des autos blindées britanniques ouvrirent le feu sur un groupe qui évoluait près d'un camp militaire. Quinze personnes furent tuées, vingt-neuf blessées. Une bavure. Le groupe n'était en fait qu'un cortège funéraire se rendant au cimetière.

Les jours passèrent. Impavide, le gouvernement de Sa Majesté s'enferrait dans son refus.

Les Américains se mirent alors de la partie en faisant savoir qu'ils soutenaient leurs amis anglais. Quoi de plus naturel ? Ils comptaient sur les troupes britanniques présentes en Égypte pour soutenir à l'occasion leurs propres initiatives, ce qui les dispensait d'expédier leurs propres soldats dans les parages. De toute façon, aux yeux des Arabes, Américains et Anglais n'étaient pas si différents. Sinon que les premiers avaient de moins bonnes manières que les seconds et qu'ils réalisaient de meilleurs films.

Deux jours après l'incident du cortège funéraire, un camion chargé de policiers égyptiens précédait un autre, chargé de soldats anglais. Le pot d'échappement du premier pétarada. Aussitôt, les Anglais, se croyant attaqués, tirèrent à bout portant sur les Égyptiens. Nombre de victimes : non communiqué.

Le pouvoir ne broncha pas.

C'est alors que le général Erskine, commandant en chef des troupes anglaises en Égypte, surnommé Strong George, sortit de sa réserve pour tancer le pays :

« La presse égyptienne a annoncé que de jeunes volontaires s'apprêteraient à quitter Le Caire, apparemment avec l'approbation du gouvernement, afin d'attaquer les troupes qui sont sous mon commandement dans la zone du canal. Si ces rapports sont avérés, si des attaques venaient à se produire, je serais obligé d'écraser ces rebelles avec les moyens dont je dispose et que je n'ai pas utilisés jusque-là. J’espère que toutes les personnes responsables de ce pays, et particulièrement les parents de ces garçons mal éduqués (these misguided boys), sauront freiner leurs ardeurs criminelles. Cette jeunesse ferait mieux de se préparer à devenir des citoyens utiles à l'Égypte. »

Sa mise en garde eut exactement l'effet contraire de celui que Strong George escomptait. Dès le lendemain, on vit fleurir sur les façades des universités des banderoles garnies d'inscriptions telles que : Ya Erskine, el chabab el masri bi ollak tozz ! « Erskine, la jeunesse égyptienne te dit m... ! »

Le lendemain, 23 janvier 1952, un commando attaqua le camp britannique de Tall el-Kébir, où se trouvait le plus important dépôt de matériel et de munitions du Moyen-Orient.

Le 24 janvier à l'aube, les blindés d'Erskine s'ébranlèrent vers la ville d'Ismaïlia et encerclèrent les deux casernes où étaient cantonnées les forces de police locale, les Boulouks Nizâm, Erskine estimant que le vrai responsable de l'attaque de Tall el-Kébir était cette police qui n'avait rien tenté pour s'opposer au commando.

Affolé, le capitaine Rifaat, commandant en chef des Boulouks, décrocha son téléphone et appela Fouad Sarag El-Dine, le ministre de l'Intérieur. La poignée de gendarmes qui était sous ses ordres était non seulement sous-équipée, mais aucunement entraînée à livrer bataille contre des soldats de la trempe des Britanniques. Devait-il capituler ou tenir ?

La réponse de Sarag el-Dine fut catégorique : « Tenir ! Il faut tenir coûte que coûte. Une reddition ferait perdre la face au gouvernement, discréditerait celui-ci aux yeux du peuple. »

C'est à ce moment qu'Erskine interpella le capitaine Rifaat :

Rendez-vous ! Vous serez bien traités.

Rifaat, qui six mois plus tôt, achevait un stage à la brigade criminelle de Scotland Yard, s'avança à l'entrée de la caserne.

J'ai été en partie élevé en Angleterre. Je regarde les Anglais comme des gentlemen. Mais vous, Anglais qui nous combattez ici n'êtes pas des gentlemen. Vous avez massé des chars contre des Égyptiens presque sans défense.

Je comprends que votre situation soit délicate, répliqua Strong George, mais notre décision est prise. Vous avez un quart d'heure.

Rifaat rejeta l'ultimatum. Erskine donna l'ordre de tirer. Les chars Centurion éventrèrent le bâtiment à coups d'obus de 20 livres. Armés de leurs fusils d'opérette, les gendarmes se défendirent comme ils purent. Ce fut un carnage.

Après deux heures de combat, Erskine renouvela sa sommation.

Le capitaine Rifaat jaillit alors du bâtiment les mains et les vêtements couverts de sang.

Voyez ce sang sur mes mains ! C'est celui de vos victimes. Vous n'êtes pas des soldats, vous êtes des assassins !

Strong George rétorqua, placide :

Vous aurez des ambulances. Nous vous rendrons les honneurs. Vous êtes braves et nous respectons la bravoure !

Rifaat haussa les épaules et lança, avant de retourner dans la fournaise :

Tout à l'heure, vous viendrez chercher nos cadavres !

Le combat reprit.

À midi, les mortiers anglais déclenchèrent un feu roulant.

Un quart d'heure plus tard, Rifaat n'eut d'autre choix que de hisser le drapeau blanc. Bilan : 46 tués et 76 blessés côté égyptien, 3 morts et 13 blessés côté anglais.

« Folie pure ! » lâcha le commandant Erskine.

Le massacre fut connu dans l'heure au Caire, puis dans le reste du pays ; il déclencha la fureur de haut en bas de la vallée du Nil. Réuni de nuit, le Conseil des ministres décida de rompre les relations diplomatiques avec l'Angleterre et de faire appel au Conseil de sécurité de l'ONU.

À l'aube, quatre-vingts personnalités de la colonie britannique au Caire furent arrêtées à titre d'otages. Les Jeunesses wafdistes – dont faisaient partie les fils de Taymour – organisèrent une formidable manifestation de protestation contre l'oppresseur. Les syndicats ouvriers décidèrent de boycotter immédiatement les entreprises britanniques et, le soir même du 25, les fonctionnaires de l'aéroport du Caire interdirent l'accès des comptoirs de la compagnie aérienne BOAC, British Overseas Airways Corporation.

Le lendemain, samedi 26 janvier, Ahmed Zulficar appela Taymour :

– Ne va pas en ville, que personne de ta famille ne s'y rende.

– Pourquoi ?

– Fais-moi confiance, restez chez vous.

Et il raccrocha précipitamment.

La première pensée de Taymour fut pour ses fils. Il cria leurs prénoms : Fadel ! Hicham ! Où êtes-vous ? Hicham !

Il n'obtint aucune réponse. Alors, il comprit.

Lorsque Nour apparut, il laissa tomber d'une voix sourde :

– Que Dieu les protège... que le Tout-Puissant nous vienne en aide.

 

Les clameurs des Frères musulmans, incitant le peuple de croyants à la Guerre sainte, montaient de toutes parts.

À midi, des milliers de manifestants se réunissaient dans les rues, rejoints par une colonne d'étudiants de l'université de l'Azhar, réclamant des armes.

La police, pourtant présente, observa calmement les émeutiers. On avait tué quarante des leurs à Ismaïlia ; pas question pour elle d'intervenir. Cependant, quand le cortège prit la direction du palais d'Abdine, les forces de l'ordre le détournèrent ; il s'engagea alors dans la rue Ibrahim Pacha et arriva place de l'Opéra. Les manifestants passèrent devant le cabaret Badia, haut lieu de la danse du ventre et des soirées voluptueuses de la bourgeoisie et des Occidentaux friands d'exotisme. Un officier égyptien était attablé à la terrasse.

L'un des émeutiers le prit à part.

Tu es là, en train de boire, alors que tes frères se font massacrer sur le Canal ? Tu n'as pas honte ?

L'officier répondit par un geste de dédain. Bien mal lui en prit. Il fut instantanément écharpé et la foule investit rétablissement. Certains – détail révélateur – avaient apporté avec eux des bonbonnes d'essence. Chaises et tables furent empilées, arrosées et enflammées. Une demi-heure plus tard, Badia était la proie des flammes.

Puis, à son tour, l'opéra fut incendié.

À peu près au même moment, les deux plus chics cinémas du Caire, le Metro et le Rivoli, connurent le même sort.

Au célèbre Turf Club, rue Adly Pacha, où les espions de jadis écoulaient leurs fausses coupures, des Anglais affolés s'interrogeaient sur la conduite à tenir lorsque les émeutiers firent irruption. Ceux qui tentèrent de fuir furent rattrapés et jetés vivants dans un brasier improvisé au beau milieu de la rue. Douze morts.

À la Barclay's Bank, rue Emad el-Dine, des employés britanniques épouvantés, réfugiés dans la salle des coffres, moururent asphyxiés.

À l'Hôtel National, rue Soliman Pacha, le directeur, un Grec, Calomiris, sauva la vie de clients anglo-saxons en les enfermant dans des poubelles au sous-sol.

À 1 heure de l'après-midi, le salon de thé Groppi se vit à son tour ravagé. À 23 heures, l'hôtel Shepheard's s'embrasa lui aussi. La troupe d'opéra italien qui y séjournait se retrouva, terrifiée, en liquettes et pyjamas dans les jardins voisins.

Les armuriers avaient été pris d'assaut. Rue Elfi bey, un gamin de treize ou quatorze ans, s'était emparé d'un pistolet et tirait des coups de feu sur les façades des immeubles.

Une folie orgiaque de destruction avait pris possession du peuple, enivré par l'odeur de brûlé qui régnait sur la capitale.

La Grande Révolte arabe atteignait son pinacle avec trente-six ans de retard.

Mais de la Grande Révolte Taymour n'avait que faire. Pour l'heure, sa seule préoccupation se limitait à savoir ce qu'étaient devenus ses fils.

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